La
lettre électronique de Georges SARRE
"35 heures et malhonnêteté de la Droite."
8 octobre 2003
Les
usines délocalisées, les emplois supprimés, la pénurie de personnels soignants,
le service public qui fonctionne mal, en un mot le " déclin de la France " ?
Un seul et unique coupable : les 35 heures. A entendre certains représentants
de l'UMP, on croirait que la France ne souffre que d'un seul mal : la réduction
du temps de travail. Cette réforme, qui n'est pas parfaite et qui doit incontestablement
être assouplie, peut être critiquée, notamment parce qu'elle introduit la flexibilité
et l'annualisation du temps de travail. Mais la critique de la droite ne se
place pas sur ce plan là. Non. Elle vise à mettre en accusation le monde du
travail, jouisseur par essence, et à se disculper de la situation catastrophique
dans laquelle est notre pays.
Nous touchons là au socle " culturel " de la vieille droite réactionnaire, qui
ressuscite les peurs et les fantasmes de 1936 (ah ! la peur de l'ouvrier partant
en vacances à vélo !) pour remobiliser son électorat le plus conservateur. N'oublions
pas la vieille rengaine droitière selon laquelle mai 1940 répondrait à juin
1936…
Il n'y a jamais eu autant d'heures travaillées qu'au moment de la mise en place
des 35 heures. Cela peut sembler curieux mais c'est ainsi. On peut tout dire
sur les 35 heures sauf qu'il s'agit d'une mesure ayant entravé la bonne marche
de l'industrie française. Une politique de réduction du temps de travail est
d'ailleurs un puissant vecteur de progrès si elle est accompagnée d'une politique
culturelle émancipatrice. A l'émancipation économique et sociale doit impérativement
répondre une émancipation culturelle et intellectuelle.
Là est la voie du progrès.
On peut donc critiquer la loi sur les 35 heures parce que trop rigide pour les
petites entreprises et déconnectée d'une politique ambitieuse sur la plan du
temps libre. N'est-il pas évident que beaucoup de gens gagnent moins en travaillant
moins et ne peuvent, de ce fait, pleinement profiter du temps libéré qui devient
dès lors un temps chômé ?
En vérité, les lamentations de Jean-Pierre Raffarin et cet air d'appel à la
repentance à un peuple qui serait coupable d'avoir succombé à l'esprit de paresse
sont parfaitement indignes.
Les néolibéraux, ceux qui ont ouverts tous les marchés, liquidé les protections
économiques les plus élémentaires, contribué à faire des échanges internationaux
un système d'exploitation et d'aliénation au service d'une minorité, n'ont aucun
droit à prétendre défendre le travail. A les écouter, la " modernisation " de
la France passait par l'ouverture des marchés, par la libéralisation de secteurs
entiers de l'économie…
Cette droite qui a continué de laisser la France foncer vers le gouffre peut-elle
donner des leçons ? Croire en la valeur travail, croire en le travail comme
contribution au développement du pays, ce n'est pas laisser les entreprises
et les industries quitter le pays. La tartufferie a ses limites. L'UMP vient
de les franchir.
Maintenant que le " jeu est calmé ", qu'on ne " fera pas du Aubry à l'envers
", les Français s' aperçoivent qu'une pathétique opération de communication
a encore eu pour tâche de distraire les citoyens des vrais enjeux…
Georges Sarre est porte parole du
Mouvement Républicain et Citoyen