La
lettre électronique de Georges SARRE
"La France souffre"
Jeudi 15 mai 2003
Le
conflit social d'envergure nationale qui se déroule en ce moment révèle l'ampleur
et la profondeur de la crise vécue par la France. Le gouvernement, tout occupé
qu'il était à affiner sa communication et ses exercices de rhétorique pauvrette,
n'a pas vu que la France est un pays qui décidément souffre. La France souffre
car elle perd chaque jour de sa substance industrielle, car chaque jour des
entreprises ferment, délocalisent ou licencient. La France souffre car son tissu
social s'efface à mesure que se désagrège son tissu industriel et que disparaissent
usines et entreprises. Cette souffrance est également toute aussi forte pour
les salariés ayant conservé un emploi, tant ils sont soumis à des règles de
plus en plus dures. La France souffre enfin d'être peu à peu privée de sa colonne
vertébrale qu'est l'Etat.
Les Français manifestent et ils ont raison. Le gouvernement a tenté de diviser
les Français sur la question des retraites, opposant secteur public et secteur
privé, les " privilégiés " et les autres. Mais ce faisant, il n'a pu qu'éveiller
l'attention de ceux qui ont compris que le postulat démographique était biaisé
et que le gouvernement voyait dans cette réforme non un moyen de sauver la retraite
par répartition mais une première étape vers la privatisation de notre système
social. Enfin la question des retraites a semble-t-il été le catalyseur des
résistances sociales au libéralisme et à ses conséquences - la désindustrialisation,
le chômage, la précarisation - ainsi qu'à une décentralisation profondément
réactionnaire et néfaste. Le gouvernement, d'apparence pragmatique, s'est en
fait révélé totalement dogmatique, inféodé aux dogmes d'une Europe fuyant en
avant et à une conception des rapports sociaux héritée du XIX° siècle.
Il existe une voie permettant de sortir de l'impasse, c'est la voie de la volonté
politique et des retrouvailles avec les citoyens. Les affaires Air Lib, Metaleurop,
GIAT (etc…) nous ont démontrés que le gouvernement était incapable de penser
l'avenir industriel de la France et même incapable de penser son simple avenir.
Il est donc temps de redonner à l'Etat les moyens d'agir et de mener une politique
industrielle efficace ayant pour but de développer l'emploi en France. Une politique
industrielle efficace ne peut être menée sans le développement d'un Etat stratège
et de services publics favorisant le développement économique des entreprises.
Il s'agira également de lever le carcan de l'Europe communautaire, véritable
machine à broyer la démocratie, les acquis sociaux et l'industrie européenne.
Il s'agira enfin d'avoir une vision de l'Etat autre que celle favorisant une
pseudo proximité pour gagner celle de l'efficacité. La centralisation de la
décision n'est pas source d'inefficacité, bien au contraire. Aller à rebours
de la logique en cours, voilà le moyen. Développer la France, son économie,
permettre à ses habitants d'y vivre bien, voilà le but !