La
lettre électronique de Georges SARRE
Après le toujours plus..., c'est maintenant le toujours
moins
01 juillet 2003
Sommes-nous
entrés dans l'ère du "toujours moins" ?
Il y a aujourd'hui en France toujours moins de démocratie, de progrès social
et d'estime de notre pays. La France est un pays où la réalité du pouvoir échappe
de plus en plus à ses citoyens. Constitution Giscard, régionalisation, réforme
des modes de scrutins, tout semble organisé pour que les gouvernants tracent
leur route sans risquer de croiser les citoyens.
Nos gouvernants jouent un double jeu médiatique : ils tendent à faire croire
qu'ils défendent à Bruxelles les intérêts de la France alors qu'ils participent
activement à la marche d'un système qu'ils ont créé, et dont ils sont prisonniers
autant qu'acteurs. Cela cache mal la réalité de leur ambition : voir s'édifier
en Europe un système libéral, associant chefs d'entreprises, dirigeants politiques,
technocrates nationaux ou européens…
Cette ambition a un nom : la gouvernance.
La gouvernance est une machine visant à amoindrir l'impact du suffrage universel.
La gouvernance est donc marquée par le "toujours moins" de Démocratie, qu'elle
porte en elle. La France est un pays qui souffre de ses fermetures d'entreprises,
de ses délocalisations, de ses plans que l'on dit sociaux pour cacher le cortège
de malheurs qu'ils entraînent.
L'hiver 2003 sera particulièrement éprouvant pour les Français.
Fermetures de sites industriels, menaces sur de nombreux bassins d'emplois,
délocalisations d'entreprises dans des pays à bas salaires, rien n'aura été
épargné aux salariés. La précarité est le quotidien d'un nombre croissant de
salariés et l'Etat semble avoir abandonné toute volonté de jouer un rôle dans
l'économie du pays.
Toujours moins de travail, toujours moins d'emplois, voilà à quoi nous sommes
aujourd'hui confrontés. Après cette série noire menant la dissolution de notre
tissu industriel, le printemps 2003 a été marqué par la mobilisation sociale
contre la réforme des retraites. Pour la première fois depuis des décennies,
un gouvernement tient aux Français le discours selon lequel demain sera moins
bon qu'hier et que le progrès social est une référence désormais caduque, ayant
vocation à la désuétude.
Si le gouvernement et les tenants de la totale et libre concurrence ont pu faire
entrer dans les esprit cette fatalité, c'est l'absence de projet alternatif
à gauche qui a grandement facilité l'offensive contre notre système social par
le gouvernement Raffarin. Notre système social étant la victime des attaques
en règles des tenants du néolibéralisme, il devient évident que les Français
sont confrontés à toujours moins de progrès social, toujours moins de sécurité
sociale et au final c'est une République sociale que l'on trouve toujours plus
affaiblie.
La grève des intermittents du spectacle en est l'actuelle démonstration. Mais
cette crise que connaît la France serait-elle la même si nos élites n'avaient
pas perdu toute confiance en notre pays ? Serait-elle aussi grave si nous n'avions
un Premier Ministre qui part dire outre-Atlantique que les Français ne veulent
pas travailler, un Ministre de l'Education qui proclame qu'il pourrait faire
tout autre chose que de diriger son Ministère ? Cette crise serait-elle la même
si l'on n'avait pas distillé patiemment l'idée selon laquelle notre pays n'a
plus d'avenir et que son passé est source de honte ? Toujours moins d'estime
de la France n'a pu qu'aggraver cette crise…
La République laïque et sociale devra demain redonner un sens à la démocratie,
au progrès social et au sentiment national pour voir notre pays se redresser.