La lettre électronique de Georges SARRE

La laïcité est une solution
17 juin 2003

Les instances dirigeantes des conseils régionaux du culte musulman ont été élues. Une interrogation traverse évidemment l'esprit de tous ceux qui sont attachés à la laïcité et aux valeurs de la République…

Cette interrogation puise son origine dans la victoire de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) dans onze régions. Cette dernière emporte notamment la direction du CRCM d'Alsace, de Provence-Alpes-Côte d'Azur ou encore du centre de l'Ile de France. Cette " percée " de l'UOIF signifie t'elle que la République fait face à une montée fondamentaliste ? Etablissons d'abord que l'Islam de France est extrêmement hétérogène et que certains membres de l'UOIF sont plus modérés que d'autres membres d'autres organisations. On peut tout de même imputer cette relative montée du fondamentalisme au recul de l'Etat sur la laïcité depuis plus de dix ans.

Sans faiblesse d'un Etat censé être garant de l'égalité entre les citoyens, jamais le fondamentalisme et le communautarisme sous toutes ses formes et manifestations ne se seraient développés. Le Ministre de l'Intérieur fait donc face à une situation nouvelle, avec un CNCM dirigé par Dalil Boubakeur, minoritaire, et une majorité de régions dirigées par l'UOIF. Quelle voie peut on emprunter pour garantir l'essentiel : la persistance d'une France laïque ? Il n'est pas inutile que le gouvernement rappelle aux organisations représentatives les engagements pris voici cinq ans au début de la consultation de l'Islam de France. Une déclaration de principe avait alors été adoptée.

Cette déclaration sur les " principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman en France " était ainsi devenue la base de toutes les relations entre l'Etat républicain et les organisations représentatives musulmanes. Cette déclaration postulait le respect des articles 10 et 11 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen relatifs à la liberté de pensée et de religion, le respect de l'article 1er de la Constitution établissant le caractère profondément laïque de la République française et celui de la loi de 1905 portant sur la séparation des Eglises et de l'Etat.

Le Ministre de l'Intérieur de l'époque, Jean-Pierre Chevènement, avait donc fixé clairement les règles. Les autres engagements comme le respect de l'article 1er de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen impliquaient le refus des discriminations qu'elles soient fondées sur le sexe, la religion, l'appartenance ethnique, les mœurs, l'état de santé ou le handicap. Le gouvernement se doit de rappeler à chacun les engagements pris. La déclaration de principes est d'une limpide clarté, il suffit donc de la faire respecter.

Portant en elle l'esprit de la laïcité française, cette déclaration a vocation à voir l'Islam rejoindre les autres religions respectant la République. Il n'y a nulle raison de douter de la capacité de la République et de l'Islam à tisser des liens emprunts de respect mutuel. Aussi aucune nouvelle discussion ne saurait voir le jour sur la laïcité, sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Les principes sont posés, il ne reste qu'à les faire respecter pour que chaque citoyen puisse s'épanouir dans un pays soustrait aux communautarismes.

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