MOUVEMENT REPUBLICAIN et CITOYEN

Article paru dans Le Figaro, le 16 décembre 2004

L'ancien ministre défend un « non républicain »

Président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement a profité, hier, de la présentation à la presse du nouvel organigramme de son parti, issu du congrès du 28 novembre dernier, pour lancer officiellement sa campagne nationale pour un « non républicain » à la Constitution européenne. L'occasion aussi, pour lui et ses amis, de régler leurs comptes avec le PS.

Ainsi, pour Georges Sarre, premier secrétaire du MRC, « Hollande, en ordonnant le silence dans ses rangs, veut faire du PS un parti encore plus rigide que le RPR ne l'avait été au moment du traité de Maastricht ». L'ancien député de Paris se souvient que le RPR de l'époque, « pourtant souvent qualifié de parti de godillots », avait autorisé les partisans du non à faire campagne et avait même « alloué une somme d'argent significative » aux minoritaires. Jean-Pierre Chevènement, dans un argumentaire déjà expérimenté lors du congrès de Paris, va plus loin. Et parle d'« intoxication sans précédent ». Selon lui, « tout sera fait par l'establishment pour dépolitiser le débat », car, assure-t-il, « le PS et l'UMP spéculent sur le taux d'abstention » pour faire passer le oui.

Du coup, Jean-Pierre Chevènement dit espérer, ou plutôt « croire », que malgré « cette propagande, sans précédent depuis les années 30, peut encore surgir de notre pauvre peuple écrasé un élan salvateur ». L'ancien ministre de l'Intérieur l'assure : « Le MRC dispose d'un capital de sympathie capable de rassembler un large spectre autour du non. Y compris au sein du PS, où, malgré un lessivage de cerveau qui a duré 20 ans, 40% des militants se sont prononcés pour le non ! ».

Sur le fond, l'ancien candidat à la présidentielle de 2002 a repris ses arguments traditionnels contre la construction européenne telle qu'elle se fait depuis des années et a proposé sa vision. Il faut, a-t-il dit, une banque européenne « recadrée sur l'emploi et non pas seulement sur la lutte contre l'inflation au profit des rentiers », un pacte budgétaire assoupli, un principe de concurrence relativisé, des coopérations renforcées « parce qu'une Europe à vingt-cinq ou à trente-trois, ça ne marchera jamais », et enfin une défense autonome « parce que nous voulons une Europe européenne et non pas Otano-compatible ».

Pour le MRC, qui a perdu la moitié de ses adhérents depuis 2002, la campagne référendaire apparaît comme une occasion de revenir dans le jeu. En faisant appel une nouvelle fois aux valeurs de la « République », en proclamant « la nation en danger », Jean-Pierre Chevènement espère retrouver sur l'échiquier politique français la place qui était la sienne avant son échec à la présidentielle de 2002 (5,33% des voix). Et ce malgré « la tentative d'éradication orchestrée par le PS », dont il dit avoir été victime. Il est vrai que, aujourd'hui, le MRC pèse moins de trois mille adhérents à jours de leurs cotisations. Deux fois moins que les Verts.

Rodolphe Geisler [16 décembre 2004]

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